LES OUBLIES DU TRAIN

Azerbaïdjan / 2004

Une locomotive… C’est ce qu’attendent, depuis plus de 15 ans, des milliers de personnes qui vivent dans des wagons marchandise. Elles espèrent retourner chez elles au Nagorno-Karabakh ou Haut-Karabagh. Mais pas de locomotive, les wagons restent bloqués sur des terres arides où ne poussent que pastèques et pompes à pétrole.

Au fil des ans, les Azéris ont décoré leurs wagons afin de les rendre plus confortables. Certains se sont construit quatre murs de terre à l’intérieur du wagon afin de mieux supporter le froid qui, en hiver, peut descendre à moins 30°. Durant l’été les habitants installent leur lit sous les wagons, car à l’intérieur, il y fait plus de 40°. Les épaules solides et le regard déterminé, les femmes racontent comment, sans eau potable, sans sanitaire et sans soin, elles règlent et gèrent la vie des wagons, luttant contre les différents maux qui gagnent chaque jour plus de terrain.

Le Haut-Karabagh est une région autonome de l’Azerbaïdjan, peuplée majoritairement d’arméniens, et qui a proclamé son indépendance en 1991 après l’éclatement de l’URSS. Entre 1992 et 1994, l’Azerbaïdjan a perdu le contrôle du Haut-Karabagh, un million de personnes ont dû fuir leurs maisons, leur travail, pour devenir des déplacés internes. Ils vivent sous tente, dans des baraquements ou dans des wagons de train. Ceux que l’on appelle les déplacés internes, puisqu’ils n’ont pas franchi de frontière, ne bénéficient pas de la protection octroyée aux réfugiés. Ils sont souvent privés de toute forme d’assistance.